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Vaccination : la Macronie ou la culture de la défiance

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La sentence est tombée ! Après des mois de discours rassurants, notamment en novembre et en mai dernier, et de promesses qui n’engagent que ceux qui y croient, la vaccination contre la Covid-19 devient bel et bien obligatoire. Tout du moins pour les professionnels de santé, ainsi que très probablement bientôt pour les secteurs de l’aide à la personne (médico-social et transports sanitaires divers).

Ces derniers ne semblent d’ailleurs faire partie du « soin aux personnes vulnérables » que quand il s’agit de les contraindre. Point d’intégration au Ségur quand il est question de revalorisation salariale. Qu’importe, l’Etat n’est plus à une incohérence prête !

Pour les autres, en tout cas pour le moment, la contrainte semble plus hypocrite. Peut-être par crainte de voir se soulever une énième opposition franche et massive face à cette atteinte à notre intimité, ou bien de voir de telles dispositions liberticides retoquées par le conseil constitutionnel… Par manque de courage diraient d’autres.


Nulle obligation à la vaccination donc, mais l’obligation cependant de disposer d’un pass sanitaire (vaccination ou test négatif récent) pour pouvoir accéder à toutes sortes de services, tout en rendant les tests PCR payants dans les mois à venir. Le fléchage est on ne peut plus clair.


Que pouvions-nous cependant attendre d’autre de « Jupiter » le bien-nommé que cette attitude paternaliste méprisante qu’il arbore avec panache depuis le début de son mandat ?


Le vil égoïste qui refuse de se faire vacciner pour protéger les autres se verra donc puni comme il se doit durant ses vacances estivales, tant attendues avec fébrilité depuis onze mois, s’il ne se montre pas plus raisonnable et docile. La soumission librement consentie, tout un art ! Et le bon peuple applaudit des deux mains. Pourquoi pas à 20h au balcon tant qu’à faire.


Qu’il s’agisse d’un magistral coup de bluff pour pousser la population à se vacciner en masse - la bonne vieille stratégie de la carotte et du bâton reste une référence - ou d’une réelle manœuvre politicienne de coercition, cette nouvelle cagade présidentielle ne fait en tout cas que davantage mettre en lumière plusieurs points inquiétants quant à la représentation macroniste du pouvoir.


Car loin de moi l’idée de vouloir traiter ici du bien-fondé de la vaccination ou non. Chacun est libre d’avoir sa propre idée sur la question et de disposer de son corps comme il l’entend, dans les limites de la loi, et c’est là toute la subtilité d’ailleurs.


Force est de constater depuis quelques mois que ce sujet déchaîne les passions, poussant chacun à s’inscrire dans une opposition binaire de plus en plus fervente, entre ceux qui plaident pour la vaccination de masse, et les autres… ceux qu’on qualifie désormais d’ « antivax », comme pour mieux désigner un ennemi commun. Si en plus, on pouvait s’arranger pour tous les cataloguer dans la case « complotistes » pour mieux décrédibiliser leur posture, ça faciliterait notoirement le débat public. Sont-ils réellement ces êtres si irresponsables qu’on veut bien nous dépeindre, et dont le fonctionnement purement égoïsme et le raisonnement infondé feraient prendre des risques à tout le monde ?

Est-ce cette versatilité bien humaine qui pousse par ailleurs le président à porter un jour en héros le personnel soignant, et à les qualifier sans vergogne d’irresponsables envers les malades le lendemain ?

Et de l’autre côté, qu’en est-il ? Car il s’agit bien de part et d’autres de camps si cramponnés à leurs tranchées respectives, qu’ils feraient passer le conflit israélo-palestinien ou le clivage pain au chocolat/chocolatine pour de vulgaires bagarres d’écoliers. D’ailleurs, petit aparté oblige vu le caractère sérieux et fondamental du sujet, mais la dénomination exacte c’est « pain au chocolat ».


De l’autre côté donc, peut-on aussi respecter le choix personnel qui est fait sans renvoyer les individus à des considérations ovines peu flatteuses ?


Rien n’est moins simple vu que toute la stratégie du gouvernement consiste justement à alimenter la division et la stigmatisation, comme ce fut le cas avec le mouvement des gilets jaunes par exemple.


Mais les choses n’étant jamais si manichéennes, les arguments énoncés et les ressentis s’avèrent finalement très différents pour les réticents. Inquiétude et besoin de recul, manque de confiance compréhensible envers le pouvoir en place, méfiance à l’égard des lobbies pharmaceutiques, défiance pour le principe, tel un adolescent en quête de différenciation face à l’attitude paternaliste du gouvernement, ou que sais-je d’autres…


Et à l’inverse, les arguments et ressentis des « injectés » à l’endroit de la covid ou des vaccins sont tout autant recevables et compréhensibles.


Le problème ne vient donc pas tant du fond, puisque toutes ces positions sont respectables, mais bien de la forme que cela prend, dans cette stigmatisation et culpabilisation déplacées.


Et si l’allégorie de l’étoile jaune entendue ça et là est bien entendu inappropriée et insultante envers les victimes de la Shoah, nous ne pouvons nier en outre que ce type de mesures vient générer une scission dans la population, en créant une sous-catégorie de citoyens ne disposant plus des mêmes droits, tels des criminels en détention qu’on prive de certaines libertés parce qu’ils ont fait quelque chose de répréhensible.


Dans une démocratie républicaine qui arbore les valeurs de liberté, égalité et fraternité, cette situation devient pour le moins ubuesque.


Et que dire de cette habilitation accordée à tout professionnel d’établissement de culture, de loisirs, de restauration, de transports en commun, à pouvoir contrôler des éléments qui relèvent de notre vie privée… alors que ces mêmes professionnels ne seront pas soumis à l’obligation vaccinale dans le cadre de leur métier.


Deuxième point inquiétant, et non des moindres, ces mesures, qui ont par ailleurs rapidement démontrées pour quelques unes tout l’absurde qu’elles comportent, ont été prise par un seul et même homme. Le prétexte de l’état d’urgence décrété depuis le début de cette crise sanitaire constitue assurément une aubaine formidable pour tout monar…enarque en quête de pouvoir qui se respecte.


Sans donc consulté ni son conseil des ministres, ni l’assemblée nationale et le sénat, organes de contre-pouvoir, garants indispensables du débat démocratique, Emmanuel Macron persiste à imposer des décisions graves pour l’ensemble des français, en bon père de famille, à coups de mesures autoritaristes et policières, plutôt que dans la recherche et la construction d’une cohésion indispensable au vivre ensemble.


A sa décharge, à mettre autant d’énergie à fonder l’exercice de son pouvoir sur la base de la division et du mépris des masses populaires dès le début de sa prise de fonction, cela ne pouvait que rendre cette tâche inaccessible.

Cette capacité à demeurer dans l’incohérence au fil de ses décisions depuis quatre ans forcerait presque le respect, et c’est peut-être finalement là la seule cohérence de son mandat.


Dernier point enfin, notre Président ne pouvait visiblement pas laisser passer la chance d’être le plus honni de nos représentants élus, malgré la pourtant forte concurrence déployée antérieurement par Messieurs Hollande et Sarkozy. Et c’est peu dire.


Ainsi, non content de provoquer avec succès l’ire de ses concitoyens via l’apparition de ce pass sanitaire à la va-comme-je-te-pousse, lors de sa huitième allocution télévisée depuis le début de cette crise, voilà qu’il remet subrepticement sur la table des opérations les non-moins décriées réformes de l’assurance-chômage et des retraites. Sacrément joueur Manu !


Tout un programme qui ne va pas manquer d’animer ses neufs derniers mois d’exercice aux plus hautes fonctions de l’Etat. Espérons que cette longue gestation donnera naissance à des jours plus emprunts de solidarité et de tolérance pour notre nation.


Camille Hamel

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